« il y a bien les souvenirs mais quelqu'un les as électrifiés et connectés à nos cils, dès qu'on y pense on a les yeux qui brûlent. »

tic. tac. tic. tac. tic. tac.
elle ne cesse de fixer la vieille horloge située au dessus de la télévision diffusant un des feuilletons préféré de sa grand-mère.
les aiguilles s'affairent, continuent leur danse endiablée. matilda les espionne du regard, comme hypnotisée par leur mouvement.
l'air est lourd. un étrange parfum règne dans le salon, un parfum qui picote au nez de la demoiselle.
tout est lourd. la décoration, l'ambiance, le feuilleton, le bruit. d'un seul coup, elle se sent oppressée. tout à l'air de se rapetisser. d'un seul coup elle ne supporte plus rien.
explosion.
elle sort de la maison. expiration, inspiration. elle a besoin d'un autre air, besoin d'un nouvel air.  alors elle part.
traverse ce quartier aux résidences toutes pareilles. tout se ressemble. les gens aussi se ressemblent, tous avec leurs beaux sourires, tous avec leurs beaux vêtements, tous beaux menteurs. elle n'y fait pas attention.
se contente de marcher, avec en guise de musique les bruits qui l'entourent. les rires des enfants, les discussions des adultes, les disputes, les moteurs des voitures, les sifflements des oiseaux. brouhaha. ça non plus, elle ne supporte plus.
elle marche à toute berzingue, tête baissée, pressée d'arriver là où tout ne sera plus pesant et elle y arrive une bonne demie heure plus tard ; au phare.
elle expire, inspire. tout est plus fluide, tout est plus simple là. repos. elle marche sur le long ponton s'arrêtant une fois au bout. elle ferme les yeux, profite de la douce mélodie que provoque les vagues se jetant contre le phare. sourit lorsqu'elle sent le vent lui faire voler ses cheveux. elle a le cœur reposé.
elle rouvre les yeux et tout l'éblouit. elle est obligée de les plisser un petit moment, avant de les ouvrir pleinement, sacré soleil. elle finit par contempler le spectacle que lui offre l'océan. les vagues sont les artistes, elle, la spectatrice. les coulisses sont en dessous, là où règnent poissons et crustacés. en guise d'éclairagiste, il y a le soleil et les nuages qui assombrissent pour mieux éclairer après. et en maitre de tout cela la lune, la si discrète lune qui organise tout.
spectacle de la nature, matilda n'en perd pas une miette.
apaisée, tout est plus calme, tout ralenti. tout redevient normal.
soupire. elle est bien.