+ story of my life
Iris, c'est l'histoire d'une fille banale, d'une beauté ordinaire, mais au regard qui change la donne, comme lorsqu'on tire une bonne carte alors qu'on se payait une main minable. Dans ses grands yeux bleus, on peut lire la peur et l'espoir se livrer un tango des plus fiévreux et on devine alors qu'elle ne s'est jamais donné la chance de vivre. Son plus grand défi a été de faire sa valise pour quitter sa petite ville du Connecticut au profit de la Grosse Pomme avec comme ambition de démarrer une nouvelle vie. Ou plutôt, de commencer enfin la sienne. Iris, c'est un peu du porno gentillet pour tous les Charles Ingalls de ce monde. La jolie fille sage et propre sur elle qui n'a jamais renoncé à croire en ce qui est bon et qui préfère sourire plutôt que de céder à ses démons. Iris c'est un mensonge dissimulé derrière de belles mirettes, des angoisses étouffées par de larges sourires et le 'tic tac' d'une bombe à retardement qui fera tout péter sur son passage. Badaboum.- Ne pars pas, ne me laisse pas pourrir seule ici. Sa voix tremblait d'une émotion nouvelle. De la tristesse. Ce trop-plein d'émotions n'était pas chose familière chez Lizzie, d'habitude, c'était elle la plus forte des deux. D'ailleurs, Iris avait toujours admiré et envié cette force de caractère, cette confiance que sa meilleure amie dégageait. A côté, elle semblait effacée et insipide, les parfaites qualités d'un faire-valoir, la pluie avant le soleil.
- T'avais promis qu'on partirait ensemble, un jour."
Un jour", une bien jolie façon d'embellir le
jamais.
Lizzie avait toujours été la fonceuse et Iris la rêveuse.
Enfin. C'est ce qu'elle pensait.
Disons que sa plus chère amie avait l'art et la manière de duper les autres sous ses airs de fille sans peurs, prête à tout pour profiter de sa jeunesse. Mais cela se cantonnait aux remparts de leur petite ville du Connecticut. Au-delà, elle n'était pas plus brave qu'une autre, et encore moins qu'Iris qui s'apprêtait à faire le grand saut, à vivre l'expérience la plus folle de sa jeune existence...
Vivre.
-
Ça fera trente dollars, déclina le chauffeur avec une indifférence certaine.
Trente dollars pour une course de dix minutes ? , s'offusqua silencieusement Iris. L'avarice n'était pas le plus fulgurant de ses péchés, néanmoins, ses minces économies en prenait un coup et ce n'était pas une mince affaire dans cette ville où elle n'avait ni emploi, ni ami et où tout lui était inconnu. Elle lui tendit ses billets verts chiffonnés avec le sourire - bien qu'il fut un peu forcé, mais il n'y répondit pas, pressé qu'elle dégage ses fesses de son vieux taco pour partir à la chasse aux pigeons. Chacun gagne sa croûte comme il peut, n'est-ce pas.
C'est avec les yeux émerveillés qu'elle observa la rue dans laquelle elle avait fait escale. Elle avait faim de nouveauté et soif d'apprendre ce que le monde lui réservait, croyant dur comme fer qu'elle réalisait finalement son american dream. Tout était parfait. Tout était si...
- Bouge de là ! S'écria un passant qui lui fonça dessus, la propulsant contre une autre personne. - Putain de touriste, ajouta cette dernière. La douce mélodie d'un rêve entamé ne tarda pas à s'évanouir dans une nature où se mêlait le mécontentement violent des piétons à la symphonie ingrate des klaxons des voitures.
Bienvenue à New York.Iris referma précieusement tous les verrous qui ornait la porte d'entrée de son petit appartement. Dans ce genre d'immeuble, on était jamais assez prudente, c'est une des leçons qu'elle avait tiré de ses deux années passées à New York à courir de petit boulot en petit boulot à la recherche de quelques billets pour boucler ses fins de mois. Cependant, elle ne se plaignait jamais de sa vie, ni de ses choix et chaque fois que ses parents lui passaient un coup de fil, elle prétendait que tout roulait, que sa vie prenait un tournant des plus agréables. Des mensonges pour réchauffer les coeurs. Rien de plus. Ereintée par une journée de travail aussi nulle que les précédentes, elle se laissa sombrer dans le creux de son canapé, somnolant avec disgrâce devant un documentaire animalier auquel elle ne prêtait aucune attention. Elle rêvait par brides, se réveillait à peine pour observer les couleurs qui dansaient sur son écran avant de replonger à nouveau. Les minutes passaient, le monde bougeait et Iris gâchait sa vie sur un canapé miteux à mater des singes dans leur environnement naturel. Eux, ils n'en avaient rien à faire de la regarder dormir dans son petit studio du quartier le plus craignos de la ville.
Ils voulaient juste se chercher les poux.
La sonnerie de son vieux blackberry passé de mode retentit.
Sa main tâtait à droite, puis à gauche, à la recherche de ce maudit téléphone.
- Allô ? Répondit-elle d'une voix pâteuse.
- Iris, une occasion en or se présente à toi !
Comment s'habille-t-on pour rencontrer une femme au succès indéniable et à la fortune indécente? Elle n'en avait aucune idée. Une robe ferait sans doute l'affaire, elle n'avait pas grand chose à se mettre de toute façon. Cet entretient, elle le devait à son amie Sarah qui avait eu le piston par Diane qui elle-même l'avait eu par une autre femme qui ne pouvait s'empêcher de piailler tous les nouveaux potins de Manhattan comme si sa propre vie en dépendait.
Iris leur en était reconnaissante, d'une certaine façon.
Si elle était tant intéressée par ce job, ce n'était pas forcément par la perspective d'avenir que cela engendrait, mais plutôt pour des raisons personnelles. Aide soignante de formation, elle n'aurait jamais répondu à une annonce cherchant une infirmière compétente, si le nom du patient ne l'avait pas interpellé.
Andrea Trevelyan.
L'ancien fiancé de sa grande soeur, Caroline. L'homme qui avait eu un accident et qu'elle avait lâchement abandonné, comme si perdre l'usage d'une jambe et d'un bras n'était pas chose suffisante.
En apprenant que la mère du jeune homme lui cherchait une infirmière, elle se sentit comme prise d'une culpabilité infondée à laquelle elle devait répondre.
C'est comme cela qu'elle se retrouva face à Madame Trevelyan, vêtue de sa plus belle robe achetée dans une boutique de prêt à porter dont son hôte devait sans doute ignorer l'existence à la vue de ses vêtements parfaitement ajustés à sa silhouette. Le silence régnait dans ce grand salon où seul les mouvements des aiguilles d'une ancienne horloge rythmait les minutes qui défilaient lentement. L'air était lourd, presque écoeurant tant la situation se voulait pesante.
- Vous connaissez cet air ?
Demanda la femme pour meubler ce blanc qui n'en finissait plus. En effet, un morceau de musique classique commençait à résonner entre ces quatre murs. C'est un peu gênée qu'Iris hocha la tête de droite à gauche en guise de "non". Exaspérée, Mme. Trevelyan reprit la parole.
- Je pense qu'il est grand temps de mettre un terme à cet entretien. Merci.
- Pardon ? Oh, je suis réellement désolée, je ne savais pas que pour m'occuper de votre fils je devais savoir distinguer Vivaldi de Mozart. Et navrée d'avoir gâché votre temps, bien qu'en fait, je suis plutôt déçue d'avoir perdu le mien.
Iris se leva et tourna les talons, bien décidée à sortir pour ne pas s'étaler davantage.
- Iris, attendez...